• Vide

     

    Ça fait rien de se sentir vide. Il n'y a pas d'émotions, pas de sensations, pas de motivation ; pas de bien, pas de mal. Pas de peur, pas d'envie, pas d'espoir, pas de cris. Il n'y a pas d'appel à l'aide, pas de sourire, pas de mal, pas de joie. Il n'y a rien. Qu'un cerveau qui bouillonne et une bouche fermée.

     

    On n'envisage plus le passé, ni le présent, ni le futur. On ne parle plus. On ne réfléchit plus. On ne converse plus, on n'est plus présent. On devient une machine. On cherche de quoi se réveiller, de quoi se sortir de sa torpeur, on recherche des sensations. Mais les capteurs sont éteints, et les lumières aussi. Tu deviens automatique, sans sens. Tu entends, mais tu n'écoutes plus. Tu vois, mais tu ne regardes plus. Tu inspires, mais tu n'expires plus. Tu prends, mais tu ne donnes plus. Tu ne ressens plus les autres, les événements, tu flottes sans vraiment être présent.

     

    Tu voudrais que tout s'arrête, que tu te remettes en marche, que tu te réveilles, que ça reprenne vie. Mais ça ne se remet pas en route, ça ne redémarre pas, et tu es coincé. Tu subis. Mais tu as conscience, parfois, qu'il faudrait que ça s'arrête. Parfois tu veux refonctionner, sortir du mode «pilote automatique», tu te trouves pathétique à traîner toute la journée dans ton pyjama. Tu as envie de te bouger, de te secouer toi-même. Mais tu n'y arrives pas. Tu n'y arrives plus.

     

    Peut-être suis-je usée ? Peut-être que je ne fonctionne plus ? Peut-être ai-je rouillé ?

    De vieux démons reviennent, mais faut les repousser. Tu peux plus tomber là-dedans. Tu ne peux plus être perdu, tu peux seulement être vide. Et si j'étais faite comme ça ? Et si je n'allais jamais m'en sortir ? Et si j'étais devenue incapable de ressentir ? Et si j'étais devenue un monstre ? Une machine ?

     

    Tu ne sais pas où tu vas, tu ne sais pas où tu es. Et tu profites de pouvoir traîner. Tu bosses plus, tu fais plus d'effort, t'as l'impression de plus avoir la force, l'envie, la motivation pour. Peu importe ce que tu fais de toute façon, tu n'y arriveras pas. Ton cerveau ne veut plus, il est vide. Il est juste sur pause. Et il faut un beau miracle pour le faire repartir.

    Et quand quelqu'un arrive à pousser la manette, à remettre la machine en marche, ça fait du bien. Putain, c'est bon ! Tu revis, tu fais des projets, tu prends des décisions ! Tu te retrouves, c'est fou ! Mais le problème c'est que ça ne dure pas. Et tu voudrais que ça dure. Mais non, la personne s'en va, et tu dois continuer à carburer. Mais toi, seul, tu carbures plus, puisque ton cerveau est vide. Alors en deux jours ça te reprend. Tu essaies de te dire que t'es fort, que ça va aller, que cette fois ça va marcher, parce que ça y est, quelqu'un a remis en marche la machine. Sauf qu'en fait non, il t'a juste titillé un peu. Il a fait semblant. Il part lâchement et en deux jours, je te jure, ça recommence. Tu redeviens vide…

     

    C'est fou. Tu croyais que c'était fini ! Mais non, c'est un cercle infernal, tu retombes. Mais tout le monde te parle, t'es envahi. Eh, t'es toujours dans la vraie vie ! Quand t'as besoin d'une pause, les autres pas forcément, alors ils te laissent pas tranquille. Mais est-ce qu'un jour je vais pouvoir faire une pause ? S'il vous plaît, j'ai besoin de m'arrêter un instant. S'il vous plaît !

    Tu culpabilises, parce qu'il faut que tu restes connecté avec la vraie vie. Faut que tu bosses. Faut que tu te répares, faut remettre en marche la machine. Mais t'as quand même besoin de pauser !

     

    Mais personne entend, personne veut te laisser. T'as envie de chialer parfois, mais ça reste dedans. Les larmes ne coulent pas, t'as mal au ventre, la gorge serrée, mais rien ne sort. Alors peut-être que t'inventes ta tristesse, non ? Non. C'est revenu. Et t'es retombé dans le piège, dans le panneau.

     

    Maintenant tu ères, t'es à nouveau sur le pilote automatique. Tu marches comme une machine, tu entends sans écouter et tu vois sans regarder. T'es une vieille chaussette. T'es une grosse boîte vide. T'es vide. Juste vide…

    Et personne te laissera prendre cette pause. Alors tu continues à faire semblant.

     

    Mais t'es vide. 

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  • Commentaires

    9
    Vendredi 9 Décembre 2016 à 20:12

    Waouh... C'est vraiment beau.

    (Et la musique est splendide *0* )

      • Vendredi 23 Décembre 2016 à 21:07

        Pas de soucis ;) 

        De rien :p

      • Vendredi 23 Décembre 2016 à 16:03

        Bonjour Maéli,

        désolée pour le retard ^^ 

        Merci beaucoup :) 

    8
    Mercredi 13 Juillet 2016 à 22:09

    Juste... Magnifique. Je te jure que la chanson et ton texte combinés m'ont fais monté les larmes aux yeux. C'est juste tellement vrai, mais le pire, c'est que quand on est dans cette situation, personne ne le remarque derrière ce sourire faux, forcé.

    Tu m'as ému, c'est définitivement l'un de mes textes préférés.

    Continues comme ça !

      • Mercredi 13 Juillet 2016 à 22:27

        Merci beaucoup, je suis contente de savoir que mes mots te touchent autant... Je l'ai vraiment écrit avec mes tripes celui-là et c'est bien vrai, souvent on est seul dans cette situation... Même si j'ai essayé de l'expliquer aux autres, très peu de fois je n'ai eu des retours, des gens qui s'en souciaient ou comprenaient vraiment.. 

        Merci encore!

    7
    Mardi 24 Mai 2016 à 17:40

    Oui subir les choses sans pouvoir réagir, engloutis par le vide qui nous possède. Spectateur amorphe de la vie qui continue de s'écouler ; on arriverait presque à ne plus y prêter attention. On est là, parce qu'on n'a pas d'autre choix...

    Très belle mise en mots de ce ressenti.

      • Mercredi 13 Juillet 2016 à 22:28

        Bonsoir,

        désolée de la réponse tardive, je viens tout juste de pouvoir mettre en ligne ton commentaire.

        Merci pour ce retour, c'est exactement cela. 

        A bientôt !

    6
    Mercredi 11 Mai 2016 à 18:02

    Wow, je t'avoue que ça m'a foutue une claque, je connais tellement ce sentiment de vide que tu décris. Ce vide que je fui. Et qui heureusement est moins présent avec le temps. Ce vide paradoxalement si pesant... Je comprends aussi ce besoin de pause... En fait, je compatis vraiment.  Courage, n'oublie pas dans ces moments, que tu es quelqu'un !  Et je sais que tu bouillonnes d’énormément de choses, et beaucoup de belles choses. :)

      • Mercredi 11 Mai 2016 à 18:12

        Merci, ce sont des choses que j'avais besoin d'entendre.. Je suis contente de savoir que je ne suis pas la seule. Et comme toi, je fuis cette sensation le plus possible.. :) 

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